La campagne des semailles bat son plein, comme le démontre la photo affichée sur la préente Chronique. C’est le travail de labour accompli par nos braves ouvriers. Tout le périmètre de la bananeraie a été mis à profit. Il faut saisir l’opportunité de la saison des pluies. Heureusement, la pluviométrie est constante et consitante. Nous avons déjà ensemencé du maïs et de l’arachide. Le soja est aussi entrain de germer. Avec ces pluies régulières, la saison s’annonce sous de bons auspices. Tout reverdit à la joie de tous. La nature végétale reprend vie et offre de beaux bourgeons à la vue. Il faudra seulement veiller à contrer l’invasion des mauvaises herbes qui poussent à une allure vertigineuse. Ainsi, une bonne récolte viendra couronner nos efforts. Ces cultures vivrières soutiendront la subsistance quotidienne à la ferme, sans oublier que ce labour est aussi un bon système de préservation du sol, sinon le sarclage serait à vide. On y gagne doublement: d’une part, l’espace mis au propre, et de l’autre l’ensemencement de céréales.
Les pluies diluviennes étalées du 12 au 15 de ce mois de mai et accompagnées de rafales de vents, n’ont pas fait de dégâts qu’en ville, provoquant des déracinements d’arbres. Elles ont ployé nos plants de bananiers. Pour aider à porter à maturité ceux d’entre eux chargés de régime, il urge de leur apporter des piquets de soutien. Des heures de travail en supplément qui s’ajoutent à la gestion déjà ardue du quotidien. Ces imprévus bouleversent un chonogramme déjà surchargé en cette période pluvieuse où tout fermier s’active dans le labour pour les semailles.
Le labour au sein de la bananeraie sert aussi à une autre fonction. La disposition des sillons vise à freiner le grand flux d’eau provenant en trombe des parties en hauteur. De fait, chaque saison de pluie apporte son lot d’érosion des surfaces situées en contrebas. Maintenant, l’eau qui stagne dans le creux des billons sera aussi utile pour les bananiers qui ne souhaitaient pas mieux.
Nous envisageons reprendre la culture de la tomate. L’expérience des mois derniers n’est pas allée à bon port. Les feuilles se sont brutalement émincées tout en se desséchant. Un autre échec! Mais nous ne sommes pas au bout de nos peines. Le technicien consulté aurait argué que la variété de semence choisie n’est pas adaptée à la région Wémè. Pour ma part, l’explication ne me convainc pas, et j’espère un jour approfondir la question. Léon a choisi maintenant une semence ordinaire du milieu et la pépinière faite est déjà prête pour le repiquage.
Ce mois-ci, nous procédons à la récolte du riz. Les ouvriers commis habituellement à la tâche ont fait défection. Peut-être parce qu’ils ont leur champ à labourer en ce début des semailles. Nous avons requis le concours de l’équipe de nos journaliers. Cela leur fait gagner une expérience de plus et nous diminue d’ailleurs certaines dépenses : les déplacements étaient à nos frais. On dit bien qu’à quelque chose malheur est bon. Les enfants de Léon sont aussi associés à ce travail. On aperçoit d’ailleurs sur la vidéo Anselme l’aîné de ces garçons. Nous avons récolté près de 280 Kg de riz prêt à être décortiquer, que nous mettrons comme d’habitude à la disposition des personnes ou des familles en situation de vulnérabilité.
La vidéo montre aussi en quoi la culture du riz associée à celle des palmiers est très utile pour protéger les plants des rongeurs. Le jeune palmier d’à peine un an, en pleine croissance, l’atteste fort bien. D’ici à l’année prochaine, ce jeune plant pourra vaincre la bataille contre ces rongeurs impitoyables.
Léon continue d’apprêter le nouveau périmètre. Sur son conseil, nous offrirons gratuitement aux bonnes dames du milieu les bois qui s’y trouvent. Elles en feront des fagots pour les vendre sur les marchés locaux. Sinon, les payer pour une telle tâche nous reviendrait plus cher : le coût n’en vaut pas la chandelle. Ces aires, apparemment sauvages et inaccessibles aujourd’hui, vont céder place dans quelques années à un autre type de paysage. C’est le travail de l’homme qui transforme et embellit la nature. En somme, un recommencement qui annonce des nouveautés.