À l’orée de l’année nouvelle, nous avons sacrifié à la tradition de la célébration eucharistique, instaurée pour tous les acteurs et actrices de nos initiatives à la ferme. Fixée pour le 10 janvier de chaque année, nous en sommes à la deuxième édition. C’est l’occasion de rendre grâce à Dieu pour son assistance lors de l’année écoulée, et de lui confier les tâches à exécuter, les familles, les joies et peines. L’initiative a reçu l’assentiment de tous nos travailleurs qui, pour la plupart, ne sont pas d’obédience catholique. Cette année, c’est l’abbé Anselme SODJINOU qui a présidé la messe. Nous avons voulu recevoir ses bénédictions de jeune prêtre; il venait d’être ordonné trois semaines auparavant, en somme c’était comme une messe de prémices. L’occasion a été bonne pour qu’il bénisse le diplôme de fin d’apprentissage en électricité de Mr Codja Léonce et celui de Auguste Amoussou, matelassier. Mr Léonce s’occupe de la mise aux normes de notre par solaire. Grâce à lui, nous sommes assurés de la qualité de nos appareils et surtout de la production électrique.
Janvier est un mois tampon entre le temps mort de la saison sèche et la période des grandes récoltes de noix de palme. Les activités champêtres souffrent de ralenti, en attendant le début de la saison des pluies pour les labours. L’équation à résoudre est de remplir efficacement ces semaines d’intermède. Pour notre part, nous avons testé le système de production de la provende pour la porcherie. Il a fallu plusieurs étapes : d’abord le concassage des noix palmistes pour séparer la coque des amendes, puis leur triage et séchage, et enfin le convoyage à la presse pour en extraire simultanément l’huile de palmiste brute et le résidu des amendes broyé qui constitue les tourteaux de palmiste. Ce système assez ingénieux permet de produire par nous-mêmes, la nourriture de nos porcs. Nous ne sommes donc plus soumis aux fluctuations du marché et surtout au risque de contamination en cas de présence d’éléments nocifs pour la santé des animaux. Nos noix palmistes étant le fruit d’une culture écologique, cette provende sera plus adéquate pour leur croissance. Certains vont se demander si toutes ces étapes qui exigent de la main d’œuvre, ne compromettent pas la rentabilité. Les premières estimations montrent que le jeu en vaut la chandelle : l’on gagne non seulement au niveau de la provende, mais avec la vente de l’huile palmiste. Elle sert à ceux qui confectionnent du savon et autres produits cosmétiques. Quelques chiffres pour en avoir une idée; sur une tonne soit 1000 kg de noix de palme, on peut produire environ 300 litres d’huile, 500 kg de noix palmistes lesquels, après séchage, génèreront au moins 150 litres d’huile palmiste et un peu plus de 150 kg de tourteau. À l’heure nous écrivons ces lignes, le prix de cette huile est pareil à celui de l’huile de palme. Nous envisageons aussi nous procurer des noix palmistes lorsque leur prix est relativement, afin de pouvoir totalement à tous nos besoins estimés à près de 15 tonnes. Notre production interne ne couvrirait qu’environ 11 tonnes.
À Adjohoun, la récolte du riz a occupé nos ouvriers pour quelques jours. Auparavant, il a fallu veiller pour empêcher les oiseaux ravageurs de rendre vains nos efforts. En dépit de la pose des filets, ces moineaux trouvent toujours les passerelles pour se faufiler dans la rizerie, à travers les fissures provoquées par des coups de vent. Pour rappel, ces semences proviennent de Madagascar et nous sommes bien curieux de savoir si les uns et les autres les apprécieront.
Une récolte peut en cacher une autre, pour reprendre un vieil adage de signalisation des chemins de fer. C’est le cas de noix de palme qui ont répondu à nos attentes. Léon lui-même reconnait que le tonnage récolté dépasse de loin ce qu’on avait recueilli durant le dernier mois de l’année dernière. Ceci est encourageant pour une nouvelle année. Mieux, on a noté sur le marché une embellie du prix de l’huile. Cette hausse durera juste de petites semaines, car sous-peu les petits producteurs inonderont le marché de leurs produits faisant rechuter les coûts.
La vraie nouveauté à la ferme sont les plants de papayers. Nous allons voulu soutenir cette initiative de Léon et procédant à la mise en place d’un système d’irrigation. Il suffira désormais d’ouvrir les robinets pour que le précieux liquide mouille les plants leur apportant fraicheur et subsistance. En pleine saison sèche, le système est plus que bénéfique non seulement pour la croissance des papayers, mais épargnent les forces des personnes préposées à la tâche arrosage. Il semble qu’on peut aussi saisir l’opportunité du sol constamment molle pour insérer d’autres cultures, telle la tomate, le piment, la pastèque entre les intervalles des plants. Nous ne manquerons de faire notre expérience.
L’image affichée est celle du sirop extrait à partir de de nos mandarines-citrons. Un nombre considérable de ces fruits jonchaient les tiges de nos fruitiers. Léon ne savait quoi en faire. Certains, arrivés à maturité depuis de longues semaines, étaient déjà en état de pourrissement. Nous en avons récolté un premier lot que Sr Emma a bien voulu nous transformer en jus. Le sirop a servi à la restauration lors de la célébration du 10 janvier. Avec la deuxième cueillette, nous disposerons de plus 50 litres de sirop. Il nous faut maintenant trouver un débouché, car selon une première estimation nos arbres pourraient générer près de 200 litres de sirop par an.