« debet in spe, qui arat, arare … » (1 Co 9,10). Cette injonction de Saint Paul aux Corinthiens pourrait introduire cette chronique. La vue des fruits recueillis à Adjohoun – avocats, oranges et mangues – est le signe que la terre a donné ses fruits. C’est le résultat du travail commencé depuis près d’une décennie. avec la bénédiction du ciel sans laquelle tout oeuvre humaine mène à la vanité. Dans ce cadre, comme l’y invite l’enseignement biblique, le laboureur doit s’armer d’espérance. Je ne pouvais imaginer qu’on récolterait autant de fruits sur le peu d’arbres dont nous disposions. L’avenir s’annonce donc sous de bons auspices. Poursuivre l’implantation d’arbres fruitiers fait partie de notre crédo, et surtout veiller à une grande diversification. Aussi, dans quelques années, le visiteur aura la joie de se régaler sur place des fruits de chaque saison.
Un autre domaine sur lequel se porte notre regard au cours de ce mois est le secteur animalier : il se compose de la porcherie, de la volaille, et de l’héliciculture et d’un tout petit cheptel de caprins pour l’usage domestique. Ce sont en général de petites unités confiées au bon soin de Léon et de sa famille.
En ce qui concerne la porcherie, il a été procédé à la vente de quelques porcs pour les raisons suivantes : la capacité limitée des enclos urge de libérer des espaces pour parer au surpeuplement qui minerait la saine et rapide croissance des jeunes porcins. Grâce aux enclos disponibles et une bonne alimentation, de meilleures performances pointeraient à l’horizon. La construction de nouveaux enclos est aussi en projet. La motivation est liée à son positionnement, la porcherie actuelle étant mal orientée par rapport à la palmeraie. Les sorties des égouts ne sont pas assez larges et débouchent sur un sentier. De la sorte, on ne peut en faire bénéficier les palmiers qui en auraient grand besoin. La nouvelle structure prendra en compte ses limites. Un autre défi de ce secteur est le renouvellement de notre espèce. Nous sommes en pourparlers avec d’autres structures disposant de bonne race adaptable à notre contexte et performante. Ce dernier qualificatif est important pour des raisons de rentabilité afin de ne pas devoir mettre la clé à la porte.
En ce qui concerne la volaille, un nombre très limité de poules goliath caquette chaque jour dans notre cour. Mais notre préférence va plutôt aux pintades. Le système est de recueillir les œufs puis de les mettre à couver par une poule. Une première image est celle d’une poule avec les poussins qui sont les pintadeaux couvés sous ses rémiges. La seconde montre les tout petits à peine éclos par une couveuse dont nous allons nous occuper en leur procurant la chaleur nécessaire et la nourriture avant de les lâcher dans la nature. Le cheptel compte actuellement une soixantaine de pintadeaux. Nous pourrions selon nos prévisions arriver cette année à la centaine. Le vrai problème est que la proximité des espaces herbeux facilite la visite des prédateurs. Dans cette ligne, lorsqu’ils sont lâchés tout jeunes, on en perd un grand nombre.
La recherche d’un marché de vente de nos escargots a porté ses fruits. Une chose est de produire, l’autre est de trouver un débouché. Ce marché stable offre la possibilité de programmer le rythme de production, et du coup d’apprécier si le coût de l’investissement tant humain que technique en vaut la chandelle. Ce mois-ci, quatre quarantaines seront cédées confirmant notre projet d’en faire une activité mobilisatrice de revenus.
La recherche de noix palmiste non concassées se poursuit à un rythme soutenu. Nous avons pu acquérir près de 3 tonnes de cette matière première, soit environ 80 Fr CFA par Kilogramme. La mesure commune pour la vente est une bassine contenant environ 46 kg, cédée au prix de 3000 Fr CFA (soit un peu mois de 5 euros). Mais selon la disponibilité, le produit peut devenir plus cher au fil des mois, avec une incidence conséquente sur le prix de la provende. À la suite du concassage, nous avons pu recueillir plus de 1000 kilos de noix. En composant par nous-mêmes la nourriture des porcs nous gagnons près du tiers du coût de revient de la provende.
Que sont devenus nos papayers? Nous avons initié une phase d’enrichissement des plants. C’est une opération nécessaire de temps à autre pour renforcer les plants et doper leur capacité de production. Cet engraissement sert aussi à maintenir l’état nourricier du sol en général. À cet effet, nous profitons de la présence des stagiaires de l’école technique agricole catholique de Pobè pour avancer ces activités qui étaient déjà dans notre programmation. Ils sont là pour un mois d’immersion pour rentrer dans l’esprit de ce que deviendra demain leur quotidien de profession. À cet effet, Adjohoun apparait comme un lieu approprié vu les diverses facettes des activités agricoles qui s’y déroulent.
Les stagiaires nous aideront aussi au désherbage du champ de mais. Il est difficile à Léon et Dieudonné tout seuls d’éxécuter à temps tous ces travaux. Nous leur sommes reconnaissants pour leur engagement au quotidien nous permettant de maintenir le cap. Le recours à d’autres ouvriers de temps à autre est une nécessité. Seulement, le budget à dsposition étant réduit, on s’adapte à la réalité des urgences.