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Kpecehwe > Success Stories > Chroniques > La remontée au fil des années. Ferme saint Mesmin de Adjohoun. Quelques flashes historiques- Partie IV
  • Mellon Pr. DJIVOH
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Le 17 février 2012, le Seigneur gratifia le couple de Léon de la naissance d’un garçon. Cette grâce fit la joie de tous. Je l’ai dénommé « Mawusindjro » en priant pour que s’accomplisse dans toute son existence la volonté divine. La Sœur Antoinette l’appela « Alexis ». Plus tard, on le surnomma « Tonton ».

Dès les premiers mois 2012, Sr Antoinette signala la situation désastreuse de l’habitat occupé par Léon et sa famille. Outre à servir d’entrepôts pour les matériaux convoyés à la ferme, la maison subissait les affres des eaux de ruissellement, étant en contre-bas. Déjà la nuit du 2 avril 2012, une grande tornade avait emporté la paillotte de la cuisine, sans provoquer heureusement de dégâts humains. Le tracteur aussi n’avait pas subi de dommages. Pendant la saison des pluies, de fortes quantités d’eau de ruissellement dévalaient la pente et inondaient les chambres, et la nuit, lorsqu’éclatait une tornade, il n’était plus possible de jouir du paisible repos mérité. Il était donc urgent de déplacer l’habitation vers la partie supérieure sur des terrains nouvellement acquis.

L’histoire de cette parcelle mérite d’être relatée in extenso pour montrer les revers subis lors des tractations. Je l’ai consignée dans mon Diaire de l’époque. De fait, l’espace occupé par les plants d’arbres ne permettait plus d’implanter d’autres infrastructures. Notre rêve, au départ, étant de disposer juste d’une plantation, nous ne percevions pas que cela n’était qu’un premier pas, et qu’une ferme digne du nom devrait avoir beaucoup d’autres structures tels des entrepôts de conservation du matériel ou des récoltes, des unités de transformation, des salles pour les ouvriers de passage, etc. Nous n’avions même pas pensé à un plan de masse prévoyant le lieu de chaque édifice. Nous nous retrouvions donc à l’étroit face à ces nécessités. Il était impérieux de se procurer un terrain dans les alentours, si possible contigu au nôtre. Providentiellement, après des jours de supplication à notre Dieu toujours bienveillant à notre égard et aux saints protecteurs de l’œuvre, notre voisin domanial direct nous avisa de son intention de céder sa parcelle qu’il estimait alors à plus d’un hectare, au prix de 1,2 millions/Ha. L’espace était suffisant et l’emplacement plus qu’idéal car le terrain bordait le nôtre. Certes, le prix fixé dépassait le coût normal des parcelles. Mais la nécessité impose souvent le surcoût. Pour paraphraser l’adage juridique latin : « Necessitas reducit ad moerum jus iustitiae» (« L’état de nécessité réduit le droit aux instincts de la justice ». On n’y pouvait rien. Toutefois, nous étions confrontés à un problème substantiel : où trouver les ressources financières pour ladite opération ? Le Seigneur, qui pourvoit à tout, fit intervenir notre grande sœur – Dada Christine – disposée à nous consentir un prêt, remboursable lorsque notre bourse sera pourvue.

La vérification du géomètre attesta que le propriétaire, qui avait déjà surévalué le coût (1,2 million par Ha), avait aussi surestimé quelque peu la superficie. Après l’avoir informé quant à la superficie réelle, et donc du coût, la Sœur fixa, de concert avec lui, la date du jeudi 2 février 2012 pour le paiement. Ce jour-là, à notre grand étonnement, notre interlocuteur se braqua nous accusant d’avoir truffé les mesures de son domaine. Pourtant, c’est lui-même qui en a indiqué les limites. Il ne voulut rien négocier quant au prix ; il tenait à empocher le prix de l’hectare préfixé. Après d’interminables pourparlers, la sœur revint bredouille ce jour-là à la maison vers 21 heures. Le découragement fut grand, mais nous ne pouvions nous avouer vaincus. Nous avions besoin de la parcelle et l’engagement de ma grande sœur était une assurance à saisir. Le lendemain, je repris les tractations avec lui de Rome par le biais du téléphone de Léon. Il ne démordit pas d’un centime. Je lui proposai le prix 1.105.000 Fr CFA, lui cédant les palmiers ayant poussé sur la parcelle. Il sembla mordre à l’hameçon, mais exigea 1.150.000 Fr CFA. J’essayai de le ramener à la raison, mais rien n’y fit. Après quelques jours de réflexion et pris l’avis de la Sœur, je lui fis savoir par Léon mon accord pour ce deal plus qu’onéreux. Finalement, il signa l’acte de cession à la mairie d’Adjohoun, le mardi 7 février 2012. Deo Gratias ! Lorsque je le joignis au téléphone pour régler les ultimes recommandations quant aux palmiers à dégager du terrain en l’intervalle d’un mois, il me supplia de prier hic et nunc pour lui, afin que les sous servent à une bonne cause. Ce que je fis. Paradoxe de nos gens qui, après vous avoir grugés, sentent la nécessité d’avoir recours à vos services de prêtre pour obtenir le secours divin dans leurs entreprises, comme si la bienveillance de Dieu ne se conjugue pas avec un minimum de justice. Cicéron avait bien dit  « quod honestum est id solum bonum est ». Ce cas de figure est juste une illustration de ce que furent souvent les tractations de parcelles, dans un milieu où les gens tiennent peu à la parole donnée, tel un airain gravé sur du granite. Tout reste volatile et bien de bonnes paroles sont de surface.

Quelques mois plus tard, nous initiâmes un verger sur le domaine. Le caractère verdoyant des arbres fruitiers montrent que le Seigneur avait béni les sueurs issues des tractations, les inondant de ses grâces qui ennoblissent tout.

L’acquisition de la parcelle avait pour finalité la construction de l’infrastructure de transformation. Tel n’était plus le cas, puisque ladite unité avait pu être logée sur notre ancien périmètre tout près de la plantation. La nécessité d’une nouvelle maison pour Léon et sa famille pouvait donc trouver un début de solution, à condition de trouver le « nerf de la guerre ». Le Père Mellon décida de céder les monnaies d’or en sa possession, reçues en 1997, au terme de ces études à Rome de sa Maman d’Autriche « Dame Gertrude Scharinger ». Elle les lui avait offertes, précisant qu’en situation d’impérieuse nécessité, ces monnaies pourraient servir à son activité pastorale. Leur échange en Euro permit de disposer d’une somme environ de deux millions de Fr CFA (près de 3000 Euro), ce qui servit à lancer les premiers travaux de fondation. Pour réduire les frais de construction, on eut recours aux briques en terre stabilisée. Il fut ainsi mis à profit la bonne quantité d’argile disponible dans le milieu et surtout la qualité de ce matériel composé de petits granites. Le 2 juillet 2012, on initia la construction de ladite maison avec la bénédiction du Père Laly Thomas.

 Initialement prévue pour être la maison de Léon et de sa famille, il fut décidé d’y adjoindre un appartement pour nous-mêmes afin de disposer d’un lieu digne lors des séjours à la ferme. C’est ce qui justifie une bâtisse composée de deux appartements de deux chambres chacune. Le nôtre aurait quelques commodités liées à des convenances pour les hôtes de passage. Quelques semaines et mois plus tard, l’état du chantier se présentait ainsi.

 

Au cours de cette même période, grâce à l’expertise de Mr Brice Houessionon, on initia la construction des Latrines ECOSSAN (juillet 2012). Ce sont des latrines respectueuses de l’environnement sans risque de pollution. En outre, les résidus des latrines sont utilisables pour la fertilisation du sol, sans conséquence néfaste pour la santé humaine.

Auteur : Mellon Pr. DJIVOH

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