Trois mois se sont écoulés du temps des semailles de riz. L’heure est à la moisson suscitant la joie et l’enthousiasme. L’abondante récolte du périmètre nouvellement emblavé est manifeste. En déroulant la vidéo ci-dessous, faites attention aux cris et aux chants des oiseaux qui s’associent à la joie des moissonneurs : un vrai Laudato si’. Ceux qui vivent en direct cette ambiance n’ont pas conscience de la beauté des mélodies que la nature leur offre si gratuitement. Merveille d’une création qui s’invite dans l’élan d’action de grâce qui abonde des cœurs. Le Seigneur a béni l’ouvrage de nos mains. Être associé à cette œuvre et savoir que tout nous est donné est plus qu’une grâce.
La vidéo montre aussi la peine des moissonneurs lors de la récolte. Le sol fangeux n’arrange pas les choses, surtout pour les femmes associées à la tâche et chargées d’entasser les gerbes coupées. Est-ce pour cette raison qu’elles ont voulu accompagner ou adoucir leur marche forcée avec des mélodies provenant d’artistes locaux ! Sacrée forme de compensation. Ainsi les œuvres de l’esprit, même pour les gens ordinaires, n’ont pas qu’une fonction de divertissement. Elles peuvent faciliter le port d’un poids physique, car la joie éprouvée d’une musique emballante ou d’un rythme endiablé porte l’attention non plus sur le ressenti du moment. Les œuvres d’art musical opèrent en l’occurrence un genre de décentrement ou de mise en épochè du vécu hic et nunc dont on ressentira certainement la fatigue bien plus tard.
Nous pensions nous servir des gerbes débarrassées des épis pour enrichir nos palmiers situés en hauteur. Mais le prix à payer dissuade nos pauvres bourses à l’heure actuelle. En effet, il faut payer d’autres bras en vue du transport de ces débris, car le lieu accessible au tracteur est un peu éloigné de la zone humide. Il faut dès maintenant chercher à résoudre cette difficulté car dans quelques années nous serions confrontés à d’énormes problèmes lors de la cueillette des régimes sur les palmiers et surtout à leur ramassage. Dans son état actuel, ces opérations se révèleront presque impossible à réaliser, ou nécessiteraient d’immenses efforts surhumains au point de décourager même les plus braves de nos ouvriers. Je vais donc demander à Léon de commencer à penser à la question en étudiant de près les moyens d’ouvrir des voies appropriées et faciles d’accès au domaine marécageux.
Le périmètre (2500 m2) a produit environ 1000 kg de riz paddy. Pour l’instant, nous avons apporté au décorticage 748 Kg et avons recueilli 480 kg de riz.
Les sentiments de joie se décuplent du fait de la finalité de ladite récolte : elle constituera le menu des repas des fêtes de fin d’année dans des familles pauvres et déshéritées. Nous allons mettre à leur disposition près de 350 kg. C’est notre modeste contribution pour que les enfants issus de ces noyaux familiaux célèbrent la Noël et le jour de l’an comme il se doit. Nous ajouterons à ce menu quelques Kilos de viande.
Au cours du mois dernier, les services étatiques ont organisé des sessions de formation dans le domaine de la pisciculture. Léon y a participé, et amélioré ses connaissances dans le domaine. Pour la pratique sur le terrain, il faudra apprécier notre capacité à ouvrir un autre front de travail, alors qu’il est déjà difficile de gérer ce que nous entreprenons. «Qui trop embrasse, mal étreint » dit le dicton. La maxime reste pour l’heure notre balise.
Une autre récolte a eu lieu au cours de ce mois. Il s’agit de la patate douce: près 500 kg. Dommage qu’on ne peut conserver cette tubercule pour de longues semaines. Nous allons procèder à la vente sur le marché local. Tout au moins les sous récoltés serviront à amoindrir les dépenses de sarclage.
Le manioc fait partie des tubercules de base pour l’alimentation. Le gari, produit l’année dernière par nous-mêmes, a diminué les dépenses engagées pour le repas des ouvriers. Nous avons repris l’initiative sur l’espace situé non loin de la zone marécageuse. En occupant ainsi le périmètre, on ne sarcle plus à vide dans une zone où est récurrente la forte croissance de la végétation sauvage. Toutefois, cette culture qui épuise le sol, est quelque peu déconseillée si on l’adopte de manière répétitive.
Les diverses activités de la ferme s’étendent à l’agroforesterie sur une superficie d’environ 1 Ha. Outre à engraisser et maintenir le sol, elle sert à engranger en temps opportun des dividendes, sans oublier le besoin en bois de chauffe pour la transformation des noix.