Cette fleur de notre espace vert annonce une aube nouvelle. En ces premières heures de la nouvelle année, notre prière fervente vous rejoint afin que le Seigneur puisse faire éclore des grâces abondantes dans vos vies, et que les fruits qui en jailliront soient dignes et durables. Puisse la paix du Seigneur vous accompagner chaque instant de l’année en cours.
Depuis le mois de décembre, vous n’avez reçu aucune information de nos activités. Et vous taraude à l’esprit la question de savoir si notre ardeur à vous rendre compte des activités s’est enrhumée, ou si nous avons renoncé aux Chroniques. Il n’en est rien. Ces rapports sont la mémoire du temps qui s’écoule. Y renoncer, c’est faire rendre l’âme aux œuvres de la Fondation. Veuillez donc trouver successivement le rapport du mois de décembre, puis celui de janvier.
Le début d’une nouvelle année est un temps de reprise ou relance des activités. Pour le secteur de la palmeraie, s’amorce la période des taux records de récolte. Nous l’expérimentons déjà ; au mois de décembre, l’extraction d’huile a chuté jusqu’à 13 bidons. Par contre, les premières récoltes du mois nous ont fait engranger 34 bidons. Cette hausse devrait ragaillardir notre ardeur. Malheureusement, ce n’est pas le cas, vu la chute drastique du prix de l’huile de palme 9000 fr CFA le bidon (soit un peu plus de 13 euros). Ce prix demeure le plus bas observé depuis plus de 10 ans. Cette situation plombe nos activités. L’activité ne peut se refinancer par elle-même. Le producteur se doit d’honorer les frais ordinaires gestion de sa poche. Déjà essoufflé par les dépenses des derniers mois, il aurait aimé qu’il n’en soit pas ainsi. Certains acteurs du secteur se demandent si à ce prix, le jeu en vaut la chandelle. D’autres préfèrent s’armer de patience et souhaiter une remontée du cours de l’huile sur le marché. Il est à noter que le taux d’échange du Naira à l’heure actuelle est aussi faible : 0,53 pour 1Fr CFA. Croisons les bras et vivons d’espoir.
Comme un sort qui s’abat sans complaisance, les déconvenues s’enchainent ; nous avons connu, sur un de nos domaines, un funeste feu de brousse. C’est l’œuvre des chasseurs amateurs de rats qui n’hésitent pas à incendier quelques touffes d’herbe pour débusquer les rares animaux qui s’y retrouvent. Malheureusement, l’on ne peut retrouver les responsables, car conscients des dégâts de leurs œuvres sordides, ils prennent vite la clé des champs. En réalité, ils sous-estiment les conséquences de leurs actes sur la structure biologique du sol, chose indispensable pour la régénération des espèces vivantes. Toute la foresterie mise en place a été laminée. Il faudra procéder à la coupe précoce du bois. Après leur récupération, nous procéderons au labour du champ pour permettre aux graines d’acacia de reprendre vie. Ces désagréments souvent inéluctables et imprévisibles surviennent dans ces genres d’activités. Il vaut mieux en prendre en acte et avoir la force de recommencer.
Au cours de ce mois de janvier, l’effort humain s’est concentré du côté de la bananeraie en vue de créer de petites rigoles autour des plants. Le terrain étant en pente, le système permet de pourvoir en eau les pieds de bananiers qui sont en contre-bas et de multiplier leur capacité de rendement. Chaque jour, une bonne partie d’entre eux reçoit donc le précieux liquide, surtout en ce temps de saison sèche où le sol en latérite se durcit comme si elle demeurait imperméable. C’est le paradoxe de cette zone : à la première pluie, tout devient glissant et arable. Deux jours après quelques bouffées de chaleur, on a l’impression qu’aucune goutte d’eau n’est plus tombée depuis des mois. Du côté des fruits, la récolte s’alterne chaque deux semaines à raison de 8 à 10 régimes. Cela constitue tout au moins un revenu régulier qui compense d’autres formes de dépenses. Dès le début de la saison pluvieuse, nous prévoyons étendre la bananeraie aux autres espaces disponibles.
Le court séjour au pays au début du mois a permis d’initier une expérience de mise en valeur de l’un de nos étangs. C’est l’œuvre de Mr Léonce CODJA, un connaisseur du domaine, puisqu’il a pratiqué, depuis l’enfance, les activités de la pêche, surtout de crevettes dans son village. Il a été question de dégager le trou à poisson d’une bonne partie de boue, puis de boucher, au moyen des nervures de palme, les petits canaux qui permettaient aux poissons de s’enfuir par le ruisseau. Sous peu, nous procéderons au repeuplement de l’étang grâce à des alevins de tilapia. Si l’expérience est concluante, nous allons l’étendre aux quatre autres bassins existants. Dans le même temps, Léonce nous aidera à confectionner un nouveau filet tenant compte des vraies dimensions du bassin. Nous lui en sommes gré car nous profitons de son expertise.
Pour finir, le début de l’année a été marqué à la ferme par une messe d’action de grâce avec tous les acteurs fixes, ces hommes et femmes qui travaillent habituellement avec nous. Nous avons voulu remercier le Seigneur pour son appui lors de l’année écoulée, et lui confier toutes les initiatives de l’an 2024. C’était le 10 janvier 2024. Après la messe, un copieux repas bien arrosé nous a tous ragaillardi. L’initiative a été si bien appréciée par nos ouvriers qui ont souhaité que soient renouvelées ces retrouvailles chaque année, à la même date. Leur proposition a rencontré notre plein assentiment. Nous pourrions y inviter des amis qui suivent de près le déroulement de nos œuvres. La fête consolide non seulement les relations de travail, mais surtout les liens sociaux qui sont déterminants pour un climat sain. Et pour nous religieux, cela nous permet de montrer que nous tenons plus à la valeur humaine du travail qu’à l’aspect pécuniaire ou marchand. Laborem exercens comme l’énonce si bien le titre de l’encyclique bien connu du Pape Jean-Paul II. C’est l’homme qui travaille et le fruit de ces efforts ne demeure qu’un faible moyen, mais qui l’ennoblit.